En 1479, grâce à la protection de Saint-Maurand, patron de Douai, la ville aurait repoussé les troupes royales françaises venues conquérir la ville, qui dépendait alors du Comte de Flandres. C’est à l’occasion d’une procession en l’honneur de Saint-Maurand, que Gayant vit le jour en 1530.

Son nom signifie "géant" en picard. Considéré comme un héros, il veille sur les habitants de la ville. Le corps du géant a été fabriqué en osier par la corporation des manneliers (les fabricants de paniers d’osier) pour montrer au peuple son savoir-faire.

L’année suivant sa création, la corporation des fruitiers fit construire une géante, Madame Gayant. Quelques années plus tard, trois enfants viennent agrandir la Famille Gayant : Jacquot, Fillon et Binbin.

En 1770, la procession est interdite par l’évêque d’Arras, car celle-ci commémorait la victoire de la ville de Douai sur les Français, le 16 juin 1479. Il en institue une nouvelle qui célèbre l’anniversaire de l’entrée des Français à Douai, en 1667.

La Famille Gayant, considérée comme profane, ne devait plus y paraître. Depuis, le cortège a toujours lieu le dimanche qui suit le 5 juillet et la Famille Gayant y a repris sa place. Lors de la Seconde Guerre mondiale, les bombardements détruisent la maison, la Famille Gayant et leurs accessoires. En 1947, Binbin est entièrement refait. Les années suivantes, c’est au tour de Jacquot et Fillon, puis la roue de la Fortune. Ce n’est qu’en 1954 que les parents sont reconstruits.

L’appareil du portage du géant se situe dans le panier. Un seul homme doit parfois porter jusqu’à 60 kg ! Le poids est alors réparti sur deux points de portage : la tête et les épaules. Le porteur est alors à même de donner vie au géant, de le faire balancer et de le faire danser. Chaque année durant trois jours, à l’occasion d’une grande fête populaire, Monsieur Gayant, sa femme Marie Cagenon et leurs enfants, Jacquot, Fillon et Binbin, parcourent les rues de Douai.

Les géants et les fêtes de Gayant ont été classés sur la liste représentative du Patrimoine culturel immatériel par l’Unesco en 2005. La même année, le beffroi est inscrit sur la liste du patrimoine mondial. Les géants ont obtenu cette distinction prestigieuse grâce à leur ancienneté, leur présence ininterrompue depuis 1530 dans le cortège des fêtes de Gayant (excepté en 2020 et 2021 à cause du Covid), à l’attachement que leur porte la population et à leur présence dans la vie quotidienne des Douaisiens.

La roue de la Fortune

En 1664, les échevins, soucieux d’embellir la procession, décidèrent que de grands chars, construits par les corps de métiers, défileraient chaque année. Le seul char qui subsiste aujourd’hui est celui de la roue de la Fortune, qui figurait la corporation des charrons et tonneliers.

Sur le char, sont disposés en cercle 6 personnages : un collecteur d’impôts, un paysan, un procureur, un espagnol, une fille de joie (Melle Rose) et un militaire suisse. Le char avance, tiré par un cheval, le plateau incliné tourne et les personnages se trouvent alors, chacun leur tour, devant une femme aux yeux bandés : la Fortune.

Elle ne sort que le dimanche de Gayant.

Le Sot des canonniers

Apparu en 1577, c’est un cheval jupon en osier porté par un homme qui prend la place du cavalier.

Il accompagne la famille durant ses déplacements.

Les Douaisiens le nomment familièrement "le baudet décaroché" ou "l’tiot baudet"…

Les Géants de Douai sur Arte